lunes, 22 de febrero de 2016

Biographie de Pierre Corneille


Une vie tranquille
La vie de Pierre Corneille est exempte des éclats et des outrances du 17e siècle. Il naît à Rouen en 1606, dans une famille aisée de gens de robe. Après de brillantes études chez les jésuites, il se tourne vers le droit. Mais son manque d'éloquence le détourne de la profession d'avocat et lui fait préférer la magistrature : il exerce cette charge jusqu'en 1650 tout en menant une vie familiale et provinciale tranquille, entrecoupée de brefs séjours parisiens où sa carrière fulgurante de dramaturge l'appelle. Il meurt en 1684.

Corneille et la réhabilitation du genre comique
L'origine de la passion de Pierre Corneille pour le théâtre est mystérieuse. Vient-elle de ses lectures faites lors de ses études chez les jésuites ou de son désir de vivre à travers ses héros glorieux une vie moins terne ? Nul ne le sait, mais Corneille produit durant sa vie une œuvre foisonnante – 33 pièces – et variée. C'est en 1629 que démarre sa carrière de dramaturge. Il rencontre le succès et la célébrité avec une comédie intitulée Mélite ; il fréquente alors les dramaturges parisiens comme Scudéry et Mairet et découvre le débat sur la règle des unités qui fondent le théâtre classique.

S'il compose en 1630 une comédie – Clitandre ou l'Innocence délivrée – obéissant à ces contraintes, il s'engage sur une voie plus libre en écrivant des comédies légères, avec des scènes et des lieux familiers et une simplicité naturelle de style : il en est ainsi de La Veuve ou le Traître trahi (1631), de La Galerie du palais ou l'Amie rivale (1632), de La Suivante (1634) et de La Place royale ou l'Amoureux extravagant (1634). Corneille, par ses comédies, participe au renouvellement et à la réhabilitation du genre comique en lui enlevant les outrances et la grossièreté qui le caractérisaient au 16e siècle.

Entre la comédie et la tragédie : L'Illusion comique et Le Cid

C'est vers 1635 que le théâtre de Corneille évolue. Devant le succès d'une tragédie de Mairet, il s'essaye à ce genre sérieux avec Médée (1635), dont l'intrigue est inspirée de Sénèque et d'Euripide. Mais il innove en écrivant des tragi-comédies qui mêlent de façon originale comique romanesque et tragique.

Ainsi, en 1636, il compose et fait jouer L'Illusion comique, où se côtoient personnages bourgeois, types de la commedia de l’Arte, et magicien de pastorale ; il réitère dans le même genre en 1637 avec Le Cid. Le succès de la pièce est triomphal : à Paris, tout le monde parle de l'amour contrarié par l'honneur de Rodrigue et Chimène.

Mais des voix s'élèvent contre cette tragi-comédie :
Les partisans du théâtre régulier reprochent au dramaturge de ne pas avoir respecté certaines règles – comme celle de la bienséance et celle des unités – et d'avoir plagié une pièce espagnole. Cette querelle autour du Cid ébranle Corneille et, après trois années de silence, il revient sur la scène théâtrale avec des tragédies.

Les grandes tragédies de Corneille
En 1660, dans son Discours de l'utilité et des parties du poème dramatique, Corneille définit ainsi sa conception de la tragédie :
- la tragédie « veut pour son sujet une action illustre, extraordinaire, sérieuse [...], de grands périls pour ses héros » ;
- « sa dignité demande quelque grand intérêt d'État, ou quelque passion plus noble et plus mâle que l'amour, telles que sont l'ambition ou la vengeance [...]. Il est à propos d'y mêler l'amour, parce qu'il a toujours beaucoup d'agrément, et peut servir de fondement à ces intérêts, et à ces autres passions dont je parle ; mais il faut qu'il se contente du second rang dans le poème. ».

C'est en 1640, avec Horace, que Corneille se lance dans le genre tragique. Suivent les célèbres tragédies que sont Cinna ou la Clémence d'Auguste (1642), Polyeucte (1643), Rodogune, princesse des Parthes (1645), Nicomède (1651), Œdipe (1659), Sertorius (1662) et Suréna, général des Parthes (1674).
Ces tragédies sont inspirées des légendes mythologiques, de l'histoire romaine ou des grands épisodes d'invasions barbares. Ces grands sujets sont propres à décrire des exploits et des crimes fascinants et des personnages hors du commun. Les tragédies de Corneille sont dominées par les thèmes de la gloire et de l'honneur et montrent des personnages passionnés et déterminés, subissant une crise de conscience et prompts aux méditations morales et politiques.

L'histoire littéraire a surtout retenu de Corneille le dilemme qu'il dévoile dans ses pièces : l'exemple emblématique est celui de Rodrigue et de Chimène, dans Le Cid, déchirés par le conflit entre l'honneur auquel ils sont soumis par leur rang et l'amour qui les pousse à le nier.

Un théâtre de transition
Corneille est une figure centrale du théâtre du 17e siècle parce qu'il fait figure d'homme de transition : proche du théâtre classique qui va dominer dans la deuxième moitié du siècle, il s'assigne comme règle de plaire et d'instruire, mais conçoit de façon assez large, c'est-à-dire assez libre, les célèbres règles classiques qu'il trouve souvent trop contraignantes. C'est peut-être cette liberté qui fait que, vers la fin de sa carrière, la rigueur des pièces d'un jeune dramaturge nommé Jean Racine lui est préférée.
Les tragédies de Corneille peuvent apparaître comme des tragédies sans tragique : certes, Corneille suscite parfois, dans ses pièces, la terreur et la pitié dans l'âme des spectateurs, mais ses personnages, contrairement à ceux de Racine, ne sont jamais vraiment vaincus par le sort.

L'essentiel
Corneille est, avec Racine, le plus grand dramaturge du 17e siècle. Auteur de célèbres tragédies comme Cinna, Rodogune ou Suréna, il est surtout connu pour la liberté qu'il affirma – à travers ses tragi-comédies comme Le Cid – par rapport aux règles strictes du classicisme naissant.

No hay comentarios:

Publicar un comentario