sábado, 20 de febrero de 2016

Le barbier de Séville


Beaumarchais ne se résout pas à être un simple amuseur, et, ne serait-ce que son répertoire comique, le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro, auquel on peut joindre Tarare, il y veut faire penser autant que faire rire, ce qui n'est pas pour en diminuer la valeur ni en affaiblir la portée. Le Barbier de Séville, d'abord opéra-comique dans la pensée de l'auteur, garde quelque chose de sa forme première. Devenue comédie en prose, que les comédiens du théâtre des Italiens refusèrent de jouer, la pièce fut reçue aux Français, car les Mémoires avaient mis en vue l'écrivain ; mais la police eut peur d'un scandale, et pendant trois années la pièce dut attendre. La représentation eut enfin lieu. Mais le Barbier avait cinq actes, on le trouva long, et l'accueil manqua de chaleur. Beaumarchais n'hésita pas : entre la première et la deuxième représentation, il fit des coupures, réduisit le spectacle à quatre actes, et, sous cette forme nouvelle, le Barbier provoqua d'unanimes applaudissements.

Almaviva, grand d'Espagne, amoureux de Rosine que son tuteur, le médecin Bartholo, surveille jalousement, se déguise en bachelier, rôde sous les fenêtres de la jeune fille, etparvient à s'entretenir un instant avec elle : il apprend qu'un mariage, forcé, doit, malgré l'opposition de Rosine, l'unir demain à Bartholo. Grâce à un nouveau déguisement, celui de maréchal-vétérinaire, Almaviva pénètre dans cette maison bien gardée, puis sous le costume d'un maître de chant, prétendu élève de Bazile, y pénètre une seconde fois, et, à la faveur d'une leçon de musique, peut communiquer avec Rosine : rendez-vous est pris pour minuit. Le comte entrera au moyen d'une clef de fenêtre dérobée par l'industrieux Figaro. Or, à ce même moment, Bartholo décide que son mariage avec la jeune fille aura lieu, et fait venir le notaire : pendant une absence du docteur, le comte et Figaro entrent chez Rosine. Le notaire, mandé par Bartholo, arrive, confond Almaviva avec l'impatient fiancé, et dresse le contrat de mariage de Rosine. Quand Bartholo revient, il est trop tard pour s'opposer au fait accompli, et la police, dont le tuteur invoque la protection, est d'autant moins disposée à tenir tête à un grand d'Espagne, qu'il semble bien que Bartholo ait usé de violence dans sa conduite à l'égard de sa pupille.

Beaumarchais proteste qu'il a voulu faire seulement un « imbroille » (imbroglio) mais à la vieille gaieté française il a joint, dit-il, « le ton léger de la plaisanterie actuelle ». Entendez qu'au lieu d'imaginer des « mots de personnages », c'est-à-dire des traits empruntés à leurs caractères, il les tire de son propre fonds, et multiplie les « mots d'auteur » : c'est de l'esprit toujours, et du plus vif, et du plus brillant, mais de l'esprit « à côté » et d'espèce un peu inférieure.

Le sujet était banal et ressassé; une jeune fille, aimée de son tuteur qui en veut à la fois à sa personne et à ses biens, aimée aussi d'un jeune seigneur, résiste victorieusement à l'amour sénile, grâce à l'adresse d'un ingénieux complice.
Comment Beaumarchais renouvelle-t-il cette vieillerie ? D'abord et surtout en modifiant les types connus : le « jeune premier », comte Almaviva, possède une science remarquable du déguisement ce grand d'Espagne se grime comme un pitre. Il est tour à tour bachelier soldat, maître de chant : quelle prison ne s'ouvrirait devant lui ? Cela change des étourdis parfois un peu niais de Molière. Quant à Rosine, c'est une honnête fille, mais qui a perdu les grâces de l'innocence : elle ne provoque pas les allusions égrillardes, mais elle les comprend ; elle n'est qu'une demi-ingénue.

Le tuteur lui-même, Bartholo, n'est plus un naïf : il en remontrerait à un grand inquisiteur pour le luxe des précautions et la méticulosité de ses enquêtes. Sa jalousie est clairvoyante, au besoin féroce. Pour écarter le comte, il irait volontiers jusqu'au coup de poignard, « en s'embusquant le soir, armé, cuirassé ». Mais que peut sa fureur de sang contre la coalition de la jeunesse et de la malice ? Figaro, on l'a souvent dit, c'est Beaumarchais, mais c'est surtout le valet de l'ancienne comédie, qui, après avoir fait tous les métiers, s'est frotté de littérature, a pris conscience de sa valeur, et, tout en gardant une âme « peuple », s'estime au-dessus d'un grand d'Espagne. Dès les premières scènes du Barbier, par la hardiesse brutale de ses réparties, nous savons à quoi nous en tenir – il servira le comte tout en le dédaignant – par sympathie et par intérêt. Il n'aura garde d'oublier, à la fin, de demander quittance de ses cent écus. Nous soupçonnons que ce serviteur indocile saura bien, plus tard, faire respecter par son maitre son indépendance, et que, si jamais la tranquillité de son ménage était compromise par un seigneur libertin, il l'en ferait repentir. C'est justement ce que nous expose le Mariage de Figaro, où tous ces personnages se retrouvent.


Plan du résumé du Barbier de Séville par acte :
Le barbier de Séville ou La précaution inutile est une comédie en 4 actes et en prose.

Acte I
Le jeune comte Almaviva est tombé amoureux de Rosine, la pupille du docteur Bartholo qui la séquestre et veut l’épouser. Sous le nom de Lindor, il donne des sérénades Rosine. Mais voici qu’il rencontre Figaro, qui était autrefois à son service et s’est finalement établi comme barbier à Séville. Par bonheur, Figaro a ses entrées chez Bartholo. Son esprit inventif cherche un moyen d’introduire le jeune comte Almaviva auprès de Rosine. 

Acte II
Rosine, qui répond à l’amour de Lindor (=Almaviva), lui écrit une lettre et la remet à Figaro. Un fourbe, don Bazile, maître à chanter de Rosine, révèle à Bartholo les projets d’Almaviva. Lindor, déguisé en soldat, se présente chez Bartholo et parvient à glisser une lettre à Rosine. Mais Bartholo s’en aperçut. Il exige de voir la lettre, mais Rosine feint l’indignation et parle de s’enfuir, sur quoi Bartholo va fermer la porte. Mettant à profit cet instant d’inattention, elle retourne la situation et se joue de Bartholo en comédienne accomplie. 

Acte III
Le comte Almaviva se présente sous un nouveau déguisement, celui du bachelier Alonzo, élève de Bazile qui serait malade et l’aurait chargé de le remplacer pour la leçon de musique de Rosine. Pour vaincre la méfiance de Bartholo, il doit inventer un mensonge beaucoup plus compliqué : non, il n’est pas maître à chanter, mais doit passer pour tel aux yeux de Rosine ; c’est lui qui renseigne Bazile sur les faits et gestes du comte Almaviva ; il produit une lettre de Rosine au comte : Bartholo pourra s’en servir pour faire croire à sa pupille que le comte la trahit. Dès lors, Bartholo a toute confiance en Alonzo, mais il garde la lettre. Pendant la leçon de musique, les jeunes gens ne peuvent échapper un seul instant à la surveillance du tuteur qui ne sort même pas de la pièce pour se faire raser par Figaro. Coup de théâtre, don Bazile arrive ! La ruse savamment élaborée par le comte devrait s’écrouler, mais, avec l’appui bénévole de Bartholo, un complot se forme aussitôt pour empêcher don Bazile de parler. C’est le maître en fourberie et en calomnie qui joue le rôle ridicule, et le spectateur est ravi de voir son ahurissement croissant. Mais, en définitive, Bartholo est berné plus encore que don Bazile. Le comte parvient à glisser à l’oreille de Rosine : « Nous avons la clé de la jalousie, et nous serons ici à minuit ». 

Acte IV

Don Bazile, qui a révélé à Bartholo qu’il ne connaissait pas cet Alonzo (=Almaviva =Lindor), lui conseille d’employer la calomnie pour vaincre la résistance de Rosine. Grâce à la lettre qu’il détient, le tuteur fait croire à Rosine que Lindor-Alonzo n’est qu’un émissaire du comte, et que celui-ci la trahit. Désespérée, la pauvre Rosine accepte d’épouser Bartholo et lui révèle que le comte Almaviva doit s’introduire chez elle cette nuit même. Le tuteur part chercher du renfort. Sur ce, escorté de Figaro, Lindor paraît à la fenêtre ; Rosine l’accable de reproches, mais il a tôt fait de dissiper le malentendu et de lui apprendre qu’il n’est autre que le comte Almaviva : la jeune fille tombe dans ses bras. Arrivent don Bazile et le notaire qui unit le comte et Rosine. Lorsque Bartholo revient avec la police, il est trop tard : sa pupille est devenue la comtesse Almaviva. Il en est réduit à s’écrier : « Ah ! je me suis perdu faute de soins ! - Faute de sens, réplique Figaro, quand la jeunesse et l’amour sont d’accord pour tromper un vieillard, tout ce qu’il fait pour l’empêcher peut bien s’appeler à bon droit la précaution inutile.». 

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