domingo, 28 de febrero de 2016

Le théâtre médiéval


Après l'avoir durement condamné,
c'est finalement l'église qui ressuscite le théâtre en occident.

Le drame religieux
Une messe spectaculaire

Alors que l’Église chrétienne a vivement combattu le théâtre au début du moyen-âge, c'est elle, paradoxalement, qui le réanime en Europe sous la forme du "drame liturgique". Afin d'étendre son influence, elle réhabilite des fêtes d’origine païenne et folklorique, dont beaucoup s’apparentent au théâtre. Au Xe siècle, les offices religieux sont proches de représentations dramatiques.
La procession du dimanche des Rameaux est désormais célébrée par des manifestations théâtrales. Les contre-chants (ou répons), chantés durant la messe ou les heures du canon, évoquent la forme du dialogue. Par l'intermédiaire des tropes, des paroles non liturgiques prennent placent dans la messe. Un trope pascal anonyme constituant un dialogue entre Marie et les anges et datant d’environ 925, est généralement considéré comme l’embryon du drame liturgique. En 970, ce type de représentation comporte une gestuelle et des costumes, qui apparaissent comme une première ébauche de mise en scène.

Le drame liturgique
Les premières pièces connues sont la "Visite au sépulcre" (Visitatio Sepulcri) datant de 915 et attribuée au moine Tutilon et les œuvres hagiographiques de Hrotsvitha von Gandersheim. Durant les deux siècles suivants, le drame liturgique se développe à travers des épisodes tirés de la Bible, joués en latin dans les monastères puis dans les églises. Initialement, les églises et les habits sacerdotaux tiennent lieu de décors et de costumes. Mais on imagine bientôt des aménagements plus complexes, la scène étant constituée de la "mansion" et de la "platée". La mansion est une petite structure scénique (généralement une tente), symbolisant un lieu particulier (le jardin d’Éden, Jérusalem, etc.), et la platée une zone neutre, utilisée par les interprètes pour jouer autour de la mansion.

L'abandon progressif du latin
Texte anonyme anglo-normand de la seconde moitié du XIIe siècle (1165), le "Jeu d’Adam" est le premier drame connu en langue vulgaire. Bien que très proche du drame liturgique, il s’en distingue toutefois par une caricature des personnages. Trilogie inspirée par le dogme de l’Incarnation ("Tentation", "Péché", "châtiment d’Ève et d’Adam", "Meurtre d’Abel par Caïn", "Procession des prophètes du Christ"), il comprend 942 vers et comporte des didascalies latines riches et précises.

Les premiers "mystères" et "miracles"
De nombreux récits bibliques sont représentés, de la Création à la Crucifixion. Ces pièces sont appelées "mystères de la Passion", "miracles" ou encore "pièces saintes".
Des mansions spécifiques sont dressées autour de la nef, le paradis étant généralement situé au pied de l’autel, une gargouille (tête monstrueuse avec une gueule béante) représentant l’entrée de l’enfer de l’autre côté de la nef. Acteurs et spectateurs se déplacent d’un bout à l’autre de l’église selon les nécessités du récit.

Les pièces sont divisées en épisodes, couvrant chacun des milliers d’années et réunissant des lieux très éloignés, à l’aide de raccourcis allégoriques. À l’inverse de la tragédie grecque, qui s’organise autour de la progression vers un apogée cathartique, le théâtre médiéval évoque le salut de l’humanité et ne crée pas de tension dramatique intense.

Le drame sort de l’Église
Le rôle didactique du drame liturgique s’efface peu à peu derrière l'attrait du divertissement et du spectacle. Ces spectacles n'ont plus leur place dans un lieu de culte et après plusieurs scandales, l’église choisit de déplacer la scène théâtrale sur les places de marché. Tout en conservant des thèmes religieux, le théâtre s’oriente vers une forme de représentation plus indépendante. Les deux œuvres représentatives de cette époque sont le jeu dramatique de Jean Bodel, "le Jeu de saint Nicolas" (v. 1200), et la pièce allégorique de Rutebeuf, "le Miracle de Théophile" (1263).

La Fête-Dieu
Au XIVe siècle, le théâtre s’émancipe du drame liturgique. Dans le cadre de la Fête-Dieu, les représentations sont organisées sous la forme de cycles, qui peuvent comporter jusqu’à quarante pièces. Ces cycles sont joués par l'ensemble du village, tous les quatre ou cinq ans, et sur une durée de quelques jours à un mois. Chaque pièce du cycle est confiée à une corporation, en fonction de ses affinités avec le sujet (par exemple, les constructeurs de bateaux mettent en scène l’épisode de l’arche de Noé).


Le théâtre profane

A la même époque, le théâtre profane se développe aussi. Il est représenté entre autre par les "jeux-partis", drames où se succèdent scènes satiriques, burlesques et féeriques d’Adam de la Halle. Cette forme théâtrale comporte divers jeux de troubadours et de jongleurs, récitant des monologues.

Un théâtre non professionnel
La disparition des jongleurs, au XIVe siècle, marque la fin du théâtre profane professionnel. Les acteurs sont des amateurs le plus souvent illettrés et les pièces sont écrites en vers simples et faciles à mémoriser. Des auteurs inconnus pratiquent un réalisme sélectif, indifférent aux limites spatio-temporelles, truffé d’anachronismes et de références locales ou contemporaines. Une certaine forme de poésie l'emporte largement sur la cohérence et la logique de narration.

Les costumes et les accessoires sont toujours contemporains tandis que la reconstitution des épisodes bibliques repose sur des détails authentiques parfois à l'origine d'accidents (on recense de nombreux exemples d’acteurs qui ont failli mourir d’une crucifixion trop réaliste, ou d’interprètes du diable gravement brûlés, etc.). À l’inverse, le passage de la mer Rouge est simplement évoqué par la déchirure d’une pièce de tissu rouge, jetée ensuite sur les Égyptiens pour suggérer leur noyade. Ce libre mélange de réalisme et de symbolisme ne heurte pas la sensibilité de l’époque. La représentation s’agrémente d’effets spectaculaires, comme les exercices d’habileté pyrotechnique.

Les "moralités"
Dans le même temps, on voit donc apparaître des pièces folkloriques, des farces profanes et des drames pastoraux, tandis que se perpétuent les multiples formes de divertissement populaire. Tous ces genres influent sur le développement, au XVe siècle, d’un théâtre moraliste.


Bien que vaguement inspirées, pour le thème et les personnages, par la théologie chrétienne, les "moralités", à la différence des "cycles", ne sont plus basés sur les récits bibliques. Ce sont des pièces autonomes, jouées par des professionnels. À l’exemple d’une pièce comme "Tout le monde" (anonyme, XVe siècle), elles évoquent les étapes de la destinée de l’être humain, à l’aide de figures allégoriques (la Mort, la Gourmandise et divers défauts ou qualités, etc.). Les acteurs font alterner action et musique. Ils exploitent les ressorts comiques des démons et des figures allégoriques du vice pour créer une forme de drame populaire qui rencontre un vif succès.

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