Le genre théâtral de la comédie
La comédie est
née dans l'Antiquité, avec des auteurs grecs comme Aristophane
(5e- 4e siècle av. J.-C.) et latins comme Plaute
(3e-2e siècle av. J.-C.) et Térence (2e siècle av. J.-C.).
Elle est définie par rapport à la tragédie, dans la Poétique d'Aristote,
philosophe grec du 4e siècle av. J.-C. Alors que la tragédie met en
scène des grands personnages dont l'histoire est empruntée au mythe et à
l'histoire et qu'elle suscite terreur et pitié, la comédie fait naître le rire
par la représentation des travers de l'homme moyen, en mettant en scène les problèmes
de la vie quotidienne.
Les règles de la comédie
Les règles de la comédie
Reprenant Aristote, les
dramaturges du 17e siècle ont codifié la comédie ; mais durant les
siècles suivants, les auteurs s'affranchissent de ces normes strictes.
a. Des personnages de
condition moyenne
La comédie met en scène des
personnages principaux appartenant au peuple ou à
la bourgeoisie. Ces personnages, dont beaucoup sont des types hérités
de la tradition, se définissent par leurs rôles (de père, de valet, de jeune
amoureux, etc.).
b. Une intrigue
inventée
Contrairement à la tragédie
qui reprend des mythes ou l'Histoire, l'intrigue de la comédie doit être
inventée par l'auteur. Son action se développe en un, en trois ou
en cinq actes ; son déroulement est ponctué de péripéties et
de coups de théâtre et
son dénouement est heureux puisque les héros réussissent à
résoudre les conflits apparus au cours de leur existence.
c. Les règles d'unité
La comédie classique se
conforme à plusieurs règles. Elle doit mettre en scène une action principale (unité
d'action), se dérouler en moins de vingt-quatre heures (unité de temps) et
dans un seul endroit (unité de lieu). De même, elle ne doit pas mélanger les
genres, c'est-à-dire comporter, par exemple, de moments tragiques (unité de
ton).
Les
différents genres de comédies
a. La comédie
d'intrigue
Forte de nombreux
rebondissements, elle met souvent en scène un couple de jeunes
amants obligés de surmonter l'opposition de parents ou de rivaux
tyranniques et ridicules – c'est le cas par exemple du Barbier de Séville (1775)
de Beaumarchais. Elle présente aussi des valets rusés, et parfois fourbes,
qui n'ont de cesse de faire triompher l'amour et/ou de duper
leurs maîtres. En cela, elle s'inspire de situations et d'intrigues de la commedia
dell'arte, fondée sur l'improvisation à partir de situations et de caractères
stéréotypés, comme le valet Arlequin.
b. La comédie de
caractères
Elle cherche à représenter
les grands défauts humains, comme l'avarice, la colère, l'hypocrisie, de
façon souvent caricaturale. C'est à ce genre de comédies qu'appartiennent un
certain nombre de pièces de Molière comme L'Avare (1668) ou
encore Le Malade imaginaire (1673).
c. La comédie de mœurs
Ce genre de comédie offre
une peinture de types sociaux et apparaît souvent comme une satire de la
société. C'est le cas, par exemple, des Précieuses ridicules (1659) de
Molière, qui stigmatise le snobisme du langage, ou
de Tartuffe (1664), qui dénonce l'hypocrisie religieuse.
d. Les autres genres de
la comédie
Aux 19e et
20e siècles apparaît le vaudeville, spectacle populaire qui se
caractérise par un rythme rapide, des quiproquos, des rebondissements et des
situations cocasses. Mais d'autres expérimentations sont tentées : le
drame romantique de Victor Hugo (1802-1885), par exemple, cherche à mêler le
grotesque de la comédie et le sublime de la tragédie. Les comédies de
l'absurde, comme celles d'Eugène Ionesco (1909 ou 1912-1994) montrent que les
frontières entre la comédie et la tragédie ont tendance à s'effacer.
Les différentes visées de la comédie
La première ambition de la
comédie est bien évidemment de faire rire, par un comique de situation
(malentendu, quiproquo), de caractère (éléments amusants de la personnalité),
de geste (mimiques, coups de bâton), de langage (jeux verbaux) ou de répétition
(reprise de gestes, paroles). Mais la tonalité satirique d'un certain
nombre de comédies montre que la comédie a parfois pour but d'instruire ou
de moraliser en montrant les travers de la société et des hommes.
C'est ce que Beaumarchais dit, en 1784, dans la préface de sa comédie
intitulée Le Mariage de Figaro : « La loi première [de la
comédie], et peut-être la seule, est d'amuser en instruisant. »
Les
grands auteurs de comédies
a. Molière (1622-1673)
Molière est le maître
incontesté de la comédie. Acteur, metteur en scène, directeur de troupes, il
écrit, en 1659, sa première comédie à succès, Les Précieuses ridicules. Il
excelle alors dans le genre de la comédie de caractères, dont les plus
connues sont Le Misanthrope (1666), L'Avare (1668), Le Malade
imaginaire (1673), et dans le genre de la comédie de
mœurs avec Tartuffe ou l'Imposteur (1664), Dom Juan ou
le Festin de pierre(1665), Le Bourgeois gentilhomme (1670).
b. Marivaux (1688-1763)
Son théâtre est celui du
cœur et des intrigues psychologiques. L'amour, de sa naissance à son aveu, est
traduit et trahi par un langage subtil : c'est le marivaudage. Ses
principales comédies sont La Double
Inconstance (1723), L'Ile des esclaves (1725), Le Jeu
de l'amour et du hasard (1730) et Les Fausses Confidences (1737).
c. Beaumarchais
(1732-1799)
Après s'être essayé au
drame, Beaumarchais fait de la comédie, quelques années avant la Révolution,
un instrument critique des privilèges de la noblesse. Son œuvre mêle
tonalité comique et tonalité satirique et revendique
« la liberté de blâmer ». Sa trilogie Le Barbier de
Séville (1775), Le Mariage de Figaro (1784) et L'Autre
Tartuffe ou la Mère coupable (1792) met en scène Figaro, un valet
spirituel qui incarne les idées révolutionnaires.
L'essentiel
La comédie est un genre
théâtral qui a pour ambition de faire rire, mais aussi
de critiquer la société et l'homme. Les plus grands auteurs de
comédie appartiennent aux 17e et 18e siècles : ce sont Molière,
Marivaux et Beaumarchais.
La
"comédie nouvelle"
Les comédies traitant d’un
sujet athénien et les tragédies orientées sur la philosophie, perdent peu à
peu de leur attrait. Il se crée alors une forme de comédie locale (appelée
"comédie nouvelle"), dont il ne reste qu’un seul exemple
complet : "l’Avare ou le Misanthrope" (317 av. J.-C.),
de Ménandre. Ces pièces sont bâties autour d’une situation familiale
associant amour, argent et quiproquos, et de types sociaux caricaturés et
faciles à identifier : le père avare, la belle-mère acariâtre, etc.
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