Naissance de la tragédie
La scène théâtrale grecque, Les théâtres permanents en pierre, dont les ruines sont encore visibles, sont construits après le IVe siècle av. J.-C. (c’est-à-dire après la période du théâtre classique). Les théâtres en plein air, semblent avoir été conçus pour accueillir un orchestre (espace circulaire plat, réservé au chœur), au bas d’une scène surélevée pour les acteurs, ainsi qu’une rangée de gradins en demi-cercle, construits à flanc de colline autour de l’orchestre.
Ces
théâtres pouvaient accueillir jusqu'à 20 000 spectateurs. Lorsque le
nombre des acteurs a dépassé celui des choreutes, la scène s’est agrandie et a
empiété sur l'espace réservé à l’orchestre. Les acteurs (uniquement masculins)
portent des vêtements ordinaires ou parfois des costumes, mais aussi des
masques plus grands que leur visage, permettant de mieux les voir et d'indiquer
la nature de leur personnage. Les dimensions de ces théâtres interdisent tout
effet trop subtil, et imposent un mouvement organisé et rigide, ainsi qu'une
voix forte. La musique et les danses participaient au spectacle qui
s’apparentait sans doute d'avantage à l’opéra qu’au théâtre moderne.
Le plus ancien texte que
nous connaissons sur l'art du théâtre est "la Poétique" d’Aristote
(330 av. J.-C.). La tragédie grecque serait née des
"dithyrambes", hymnes à la gloire de Dionysos, dans lesquels se
répondent deux voix, celle du chef du chœur seul et celle du chœur entier. Quand on connait l'origine orientale de Dionysos (le siège du prêtre est
d'ailleurs orné de lions, de griffons, de satyres et de raisins, en référence à
cette origine; par ailleurs, ce dieu est coiffé d'un bonnet phrygien, tout
comme Mirtha, ce qui atteste du fait que les Grecs le considéraient comme un
dieu d'origine étrangère), on peut se demander si la tradition grecque ne
s'inspirerait pas d'une tradition orientale antérieure, car plusieurs
historiens situent l'origine du théâtre chinois aux environs de deux mille ans
avant Jésus-Christ, et il semble que le théâtre indien trouve également sa
source dans un passé immémorial.
Plutôt que de vouloir
attribuer une origine précise à cet art, il est sans doute plus judicieux de
considérer qu'il aussi ancien que la vie communautaire elle-même, dans la
mesure où les danses de la pluie, où les récits au coin du feu, auxquels se
livraient déjà probablement les premiers hommes, posaient, sans le moindre
doute, les bases de la représentation théâtre. Faute d'informations
précises sur les formes antérieures du théâtre, c’est en tout cas
à Thespis, un choreute du VIème siècle av. J.-C.,
qu'on attribue l'invention de la tragédie, et donc de l’art dramatique. Il
serait le premier à avoir introduit sur scène un personnage indépendant du
chœur lors d’un dithyrambe. Interprétant le rôle principal de son histoire,
Thespis aurait, pour la première fois, récité un monologue auquel aurait
répondu le chœur.
Deux siècles plus tard,
Aristote, dans sa Poétique, estime que c’est à partir de ces
nouvelles formes de dithyrambes et grâce à l’intervention d’autres personnages
et acteurs, que le théâtre a pu évoluer vers une forme autonome.
A partir de 545 av. J.-C., des pièces sont jouées à Athènes lors des
"Grandes Dionysies", festivités en l’honneur de Dionysos,
auxquelles participe Thespis.
C’est la cité-État qui incite
et gère ces concours : elle choisit les dramaturges, aide au financement
du spectacle (les poètes et les acteurs reçoivent un salaire) et désigne le
chorège et les choreutes ainsi que le poète victorieux. C’est également la
cité-État qui permet aux plus pauvres d’assister aux représentations en
leur accordant des compensations financières.
Cette fête, qui évoluera
jusqu'au siècle de Périclès, dure sept jours (deux réservés aux
processions en l’honneur de Dionysos, un consacré au dithyrambe, un à la
comédie et trois à la tragédie). Pendant les 3 jours consacrés à la tragédie,
outre une trilogie de tragédies, chaque poète désigné par concours doit
présenter un drame satyrique (bouffonnerie mettant en scène les dieux d'une
façon parodique et obscène). Les "Grandes Dionysies" ont largement
participé au développement des différents genres dramatiques tels que la
comédie et la tragédie.
La
tragédie antique grecque :
La tragédie grecque connait son apogée au V e siècle
av. J.-C. La première tragédie connue est "les Perses" d’Eschyle (472 av.
J.-C.), le dernier est "Œdipe à Colonne" de Sophocle (401 av.
J.-C.). Sur plus de mille tragédies écrites entre ces dates, il n’en reste
que 32, composées par Eschyle (7 conservées alors qu’il en a
probablement écrit plus de 80), Sophocle (7 conservées alors qu’il en
a probablement écrit plus de 120) et Euripide (18 conservées
alors qu’il en a probablement écrit plus de 80).
C’est Eschyle, qui, le
premier, à l'idée d'introduire un second acteur, le "deutéragoniste",
instaurant ainsi un dialogue entre deux acteurs. Il est considéré comme le père
de la tragédie antique dont il a jeté les bases. Il a également introduit les
décors et les costumes.
Ces tragédies antiques
partagent une structure très rigide, une composition en vers et une division en
"épisodes" (scènes), où s'intercalent des dialogues et des poèmes
lyriques chantés par le Chœur.
Les récits sont le plus
souvent issus de la mythologie et de l’histoire antique, avec lesquelles les
poètes prennent toutefois des libertés. Les pièces posent des questions
politiques et métaphysiques. Etant donné le faible nombre de comédiens, les
événements sont souvent rapportés par le dialogue et les chants du chœur. Le
théâtre grec n'en est pas moins un véritable spectacle où la musique, la danse
et les costumes (déguisements du chœur) agrémentent le texte.
Le contexte historique
Au début du 17e siècle,
le théâtre connaît un essor considérable à travers deux genres
principaux :
La tragédie et la comédie.
En France, on assiste alors à l'épanouissement du classicisme qui
atteint son apogée durant le règne de Louis XIV (à partir
de 1661). Le roi, en amateur de théâtre, protège même certaines pièces,
comme le Tartuffe (1664) de Molière, contre la censure de
l'Eglise.
L'avènement de la tragédie
rime avec une codification stricte. Ce n'est pourtant qu'en 1674 qu'est
énoncée par Nicolas Boileau, dans son Art poétique, la règle des
trois unités (temps, lieu et action), de la bienséance et
de la vraisemblance. La tragédie classique, codifiée, apparaît dès les
années 1630 avec Pierre Corneille. Par la suite, celui-ci cède la place à Jean
Racine qui devient le principal représentant du genre sous le règne du
Roi-Soleil.
Les principes essentiels
Les principes essentiels
a. Les trois unités
Dans l'Art poétique (1674),
Boileau énonce la principale règle à laquelle la tragédie doit désormais se
plier : la règle des trois unités.
– L'unité de temps :
l'intrigue de la pièce doit se dérouler en une seule journée.
– L'unité de lieu :
l'intrigue doit se dérouler dans un seul lieu.
– L'unité d'action :
le spectateur et les personnages ne doivent se concentrer que sur une seule
intrigue.
Celle-ci se double de deux
autres règles : la bienséance, qui interdit la représentation de
scènes violentes (mort, événement sanglant...) ; et la vraisemblance, qui
exige que l'intrigue de la pièce soit crédible.
b. Le choix du sujet
L'objectif d'une tragédie,
selon le philosophe grec Aristote (IVe siècle av. J.-C.), est de
susciter des émotions fortes, telles que la pitié ou la terreur, afin
de purger les passions des spectateurs (ce qu'Aristote appelle la catharsis).
En même temps, il s'agit d'instruire en mettant en scène des actes
exemplaires ou condamnables, en énonçant des principes et des pensées graves...
La tragédie se caractérise
donc par le choix de sujets nobles, empruntés à l'histoire antique ou à la
Bible. De même, les héros tragiques sont des personnages historiques ou
mythologiques de condition élevée (rois, héros de la mythologie gréco-latine).
Les intrigues mêlent souvent l'amour et la raison d'Etat, mettant un personnage face à un choix impossible (un dilemme). Dans le déroulement de l'intrigue, on remarque également la récurrence du thème de la mort. Pourtant, il n'est pas obligatoire que le dénouement voit le décès d'un des personnages, bien que la fin d'une tragédie soit toujours malheureuse.
c. La mise en forme
La plupart du temps, la
tragédie est un texte versifié (souvent en alexandrins)
utilisant un registre de langue soutenu. La pièce se déroule en cinq actes,
sans changement de décor. Ces règles sont imposées par le classicisme, dans un
souci d'organisation.
d. Quelques auteurs et œuvres
majeurs
– Pierre Corneille : Horace (1640), Cinna
ou la Clémence D'Auguste (1642), Polyeucte (1643), Nicomède (1651), Suréna,
général des Parthes(1674).
– Jean Racine : Andromaque (1667), Britannicus (1669), Bérénice (1670), Phèdre (1677).
– Jean Racine : Andromaque (1667), Britannicus (1669), Bérénice (1670), Phèdre (1677).
L'essentiel
La tragédie, comme la
comédie, connaît un essor considérable au XVIIe siècle.
Le classicisme, dans un souci d'organisation, donne lieu au cours de son
évolution à une théorisation de la création théâtrale. Apparaissent alors les
règles des trois unités, de la bienséance et de la vraisemblance.
Le choix d'un sujet et d'une langue nobles, la versification, la structure de
la pièce en cinq actes sont autant de critères régissant la tragédie
classique. Les auteurs majeurs du genre sont Corneille et Racine.
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