martes, 23 de febrero de 2016

Le style de Racine


 Jean Racine écrivait en style majestueux ce qui correspondait au genre de la tragédie qui était pris pour le genre élevé où on évite des bassesses. Sa tragédie est écrite en alexandrins ; les vers sont souvent partagés entre deux personnages pour conserver l’isosyllabisme mais surtout pour crée l´impression que la pièce continue sans cesse vers son fin catastrophique. L´alternance des discours forcent la cadence et on ne peut pas cesser de suivre des yeux le cours vers la tragédie finale. Cette tragédie montre bien que le classicisme du XVIIème siècle représentait le comble des tendances normatives et que pendant cette époque, le vers traditionnel a été achevé.[1] Racine utilise deux divisions du grand vers, soit avec 4 mesures soit avec la césure après la 6ème et 12ème syllabe. L’auteur utilise souvent des rimes riches ce qui crée un ensemble mélodieux. Toute la tragédie est composée en rimes plates qui ont pour l´effet la régularité de la lecture. Les exceptions se trouvent dans l’acte IV où on lit deux sortes de lettres. Dans la scène première, c’est la lettre amoureuse de Bajazet pour Atalide qui est écrite en vers alternés (8,10, 12 syllabes) et en plus l’organisation des rimes change. On voit deux quatrains à rimes embarrassées qui entourent un distique à rimes plates.[2]
Voici la lettre amoureuse de la scène première de l’acte IV, vers 1135-1144:

   « Après tant d’injustes détours,                                          a           8
   Faut-il qu’à feindre encor votre amour me convie ?        b              12
Mais je veux bien prendre soin d’une vie                             b          10
Dont vous jurez que dépendent vos jours.                            a          10
Je verrai la Sultane. Et par ma complaisance,                       c          12
Par de nouveaux serments de ma reconnaissance,                c          12
   J’apaiserai, si je puis, son courroux.                                      d          10
N’exigez rien de plus. Ni la mort, ni vous-même,                 e          12
Ne me ferez jamais prononcer que je l’aime,             e          12
Puisque jamais je n’aimerai que vous. »                                d          10


Cela correspond au texte lyrique au contraire de la lettre inventée par Roxane dans la scène 3 de l’acte IV qui exprime l’ordre de tuer Bajazet (scène 3 de l’acte IV, vers 1185-1192) :

« Avant que Babylone éprouvât ma puissance,        a
Je vous ai fait porter mes ordres absolus.                  b
Je ne veux point douter de votre obéissance,                       a
Et crois que maintenant Bajazet ne vit plus.             b         
Je laisse sous mes lois Babylone asservie,                 c
Et confirme en partant mon ordre souverain.            d
Vous, si vous avez soin de votre propre vie,             c
Ne vous montrez à moi que sa tête à la main. »        d


Cette lettre est déjà composée en dodécasyllabes avec le système des rimes croisées et cette régularité rend l’austérité de l’ordre auquel il faut obéir.
En ce qui concerne le langage, les mots concrets sont remplacés par les mots abstraits et les images tels que les flammes, les chaines, les yeux perfides, les tristes soupirs etc. Le champ lexical de l´incertitude et de la vengeance fait ressortir les thèmes principaux de la pièce. Les sentiments principaux expriment les secrets, les soupçons et la crainte, après la feinte (perfide, indigne), et finissent par la vengeance (la colère). Le style d´écriture est complété par des exclamatives et interrogatives lesquelles on peut appeler les figures de passion parce qu’elles expriment ces sentiments.

            Comme on l´a dit,  chaque auteur fait ressortir tels aspects de l´histoire qui correspondent avec le genre littéraire choisi. Segrais décrit les qualités et la beauté des personnages et la galanterie de la liaison amoureuse, Racine se concentre sur le sentiment de domination et sur la jalousie. D’un côté, on a des valeurs positives, l’histoire où personne n’est mauvais, d’autre côté les vices du naturel humain où personne n’est sans faute. Voilà la différence majeure dans les deux ouvrages. La même histoire est simplement prise de l’autre bout, d’un autre point de vue. Segrais a choisi de présenter les personnages comme aimables ce qui va bien ensemble avec la nouvelle, Racine montre les personnages tragiques.
Cela n´empêche pas de comparer les personnages et les thèmes principaux – l´amour, la feinte et les caractéristiques turques. Avant de se lancer dans une analyse détaillée des récits, on va brièvement exposer le résumé des histoires.




[1] Jiří Šrámek, Základy francouzské versifikace, Masarykova Univerzita, Brno, 1991
[2] Jean Racine, Bajazet, Paris : Librairie Générale Française, Le livre de Poche 2000, note 1 à la page 80. Désormais, les références à cet ouvrage seront indiquées par le signe B., suivi de la page, et placées entre parenthèses dans le corps du texte.

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