Jean Racine écrivait
en style majestueux ce qui correspondait au genre de la tragédie qui était pris
pour le genre élevé où on évite des bassesses. Sa tragédie est écrite en
alexandrins ; les vers sont souvent partagés entre deux personnages pour
conserver l’isosyllabisme mais surtout pour crée l´impression que la pièce
continue sans cesse vers son fin catastrophique. L´alternance des discours
forcent la cadence et on ne peut pas cesser de suivre des yeux le cours vers la
tragédie finale. Cette tragédie montre bien que le classicisme du XVIIème
siècle représentait le comble des tendances normatives et que pendant cette
époque, le vers traditionnel a été achevé.[1] Racine utilise deux
divisions du grand vers, soit avec 4 mesures soit avec la césure après la 6ème
et 12ème syllabe. L’auteur utilise souvent des rimes riches ce qui crée un
ensemble mélodieux. Toute la tragédie est composée en rimes plates qui ont pour
l´effet la régularité de la lecture. Les exceptions se trouvent dans l’acte IV
où on lit deux sortes de lettres. Dans la scène première, c’est la lettre
amoureuse de Bajazet pour Atalide qui est écrite en vers alternés (8,10, 12
syllabes) et en plus l’organisation des rimes change. On voit deux quatrains à
rimes embarrassées qui entourent un distique à rimes plates.[2]
Voici la lettre
amoureuse de la scène première de l’acte IV, vers 1135-1144:
« Après tant d’injustes détours, a 8
Faut-il qu’à feindre encor votre amour me
convie ? b 12
Mais je veux bien prendre soin d’une vie b 10
Dont vous jurez que dépendent vos jours. a 10
Je verrai la Sultane. Et par ma complaisance, c 12
Par de nouveaux serments de ma reconnaissance, c 12
J’apaiserai, si je puis, son courroux. d 10
N’exigez rien de plus. Ni la mort, ni vous-même, e 12
Ne me ferez jamais prononcer que je l’aime, e 12
Puisque jamais je n’aimerai que vous. » d 10
Cela correspond au
texte lyrique au contraire de la lettre inventée par Roxane dans la scène 3 de
l’acte IV qui exprime l’ordre de tuer Bajazet (scène 3 de l’acte IV, vers
1185-1192) :
« Avant que Babylone
éprouvât ma puissance, a
Je vous ai fait
porter mes ordres absolus. b
Je ne veux point
douter de votre obéissance, a
Et crois que
maintenant Bajazet ne vit plus. b
Je laisse sous mes
lois Babylone asservie, c
Et confirme en
partant mon ordre souverain. d
Vous, si vous avez
soin de votre propre vie, c
Ne vous montrez à moi
que sa tête à la main. » d
Cette lettre est déjà
composée en dodécasyllabes avec le système des rimes croisées et cette
régularité rend l’austérité de l’ordre auquel il faut obéir.
En ce qui concerne le
langage, les mots concrets sont remplacés par les mots abstraits et les images
tels que les flammes, les chaines, les yeux perfides, les tristes soupirs etc. Le
champ lexical de l´incertitude et de la vengeance fait ressortir les thèmes
principaux de la pièce. Les sentiments principaux expriment les secrets, les
soupçons et la crainte, après la feinte (perfide, indigne), et finissent par la
vengeance (la colère). Le style d´écriture est complété par des exclamatives et
interrogatives lesquelles on peut appeler les figures de passion parce
qu’elles expriment ces sentiments.
Comme on l´a dit, chaque auteur fait ressortir tels aspects de
l´histoire qui correspondent avec le genre littéraire choisi. Segrais décrit
les qualités et la beauté des personnages et la galanterie de la liaison
amoureuse, Racine se concentre sur le sentiment de domination et sur la
jalousie. D’un côté, on a des valeurs positives, l’histoire où personne n’est
mauvais, d’autre côté les vices du naturel humain où personne n’est sans faute.
Voilà la différence majeure dans les deux ouvrages. La même histoire est
simplement prise de l’autre bout, d’un autre point de vue. Segrais a choisi de
présenter les personnages comme aimables ce qui va bien ensemble avec la
nouvelle, Racine montre les personnages tragiques.
Cela n´empêche pas de
comparer les personnages et les thèmes principaux – l´amour, la feinte et les
caractéristiques turques. Avant de se lancer dans une analyse détaillée des récits,
on va brièvement exposer le résumé des histoires.
[1] Jiří Šrámek, Základy francouzské
versifikace, Masarykova Univerzita, Brno, 1991
[2] Jean Racine, Bajazet, Paris :
Librairie Générale Française, Le livre de Poche 2000, note 1 à la page 80.
Désormais, les références à cet ouvrage seront indiquées par le signe B., suivi
de la page, et placées entre parenthèses dans le corps du texte.
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