domingo, 28 de febrero de 2016

Le théâtre du XVIIIe siècle


La naissance du drame bourgeois au siècle des lumières. Le théâtre de divertissement s'oppose au théatre "officiel"

Salle de la Comédie française au XVIIIe
Au début du XVIIIe siècle, peu d’auteurs parviennent à s’imposer dans le théâtre français, si ce n'est Jean-François Regnard et  Alain René Lesage. Il n’existe que deux théâtres officiels en France : l’Opéra et la Comédie-Française. Le roi officialise la censure en 1701 afin de contrôler les productions. Le théâtre populaire qui se joue lors des foires parisiennes de Saint-Germain et Saint-Laurent ouvre cependant la voie à de nouvelles formes de théâtre de divertissement. L'"opéra comique" et le théâtre "de boulevard" y font leurs premiers pas.

La professionnalisation des spectacles de la foire inquiété la Comédie-Française, qui y voit une dangereuse concurrence. Après de nombreux procès, elle obtient l'interdiction des pièces dialoguées. Mais c'est compter sans la ruse des acteurs forains : ils imaginent, par exemple, de ne jouer leurs pièces que sous la forme de monologues, ou encore de parler à un muet, à un interlocuteur placé dans les coulisses, voire à un animal. Ils en viennent même à inscrire tous les dialogues sur des écriteaux. Alliée de l'Opéra, qui voit également dans les foires une concurrence dangereuse à ses spectacles musicaux, la Comédie-Française leur assené un coup fatal en 1719 : elle obtient la suppression de tous les spectacles forains, à l'exception des marionnettes et danses de corde. L'Opéra-Comique est toutefois rétabli en 1924. Les théâtres de province sont quant à eux relativement épargnés par la censure et jouent les répertoires des théâtres officiels parisiens.

Le théâtre officiel devient une "tribune morale"
La scène des Lumières
Sous l’impulsion de Voltaire, à partir de 1750, on abandonne les salles rectangulaires et on construit des théâtres à l’italienne. Les spectateurs quittent la scène pour s’installer dans le parterre. Les théâtres privés se multiplient.
Les auteurs, (menés par Beaumarchais) fondent en 1777 la première "société des auteurs dramatiques" (actuelle SACD) qui a pour but de défendre les intérêts des dramaturges et de légiférer sur les droits d’auteur. Le statut des comédiens est encore précaire, mais il s'institutionnalisé dans la plus grande partie de l’Europe. On écrit les pièces pour eux et ils remanient souvent les œuvres anciennes en fonction de leurs goûts, de leurs moyens et de leurs idéaux. "Le Roi Lear" et "Roméo et Juliette" de William Shakespeare se voient ainsi ajouter des épilogues heureux. Le siècle des Lumières débute en France par un retour au classicisme du siècle précédent (Voltaire lui-même renoue avec la tragédie classique avec "Œdipe" en 1718). La comédie se fait cependant peu à peu plus satirique, voire moralisatrice.

Denis Diderot, cherchant à renouveler l’art théâtral, affirme la nécessité d’inscrire les situations dramatiques dans leur contexte historique et social. Il défend l’idée d’une tragédie en prose qui représenterait l’homme dans son cadre quotidien. L'histoire en sera pathétique (sentimentalisme), et se dénouera gaiement grâce au triomphe de la vertu. Fidèle aux traditions classiques, et notamment à la règle des trois unités et de la vraisemblance, Diderot entend cependant libérer le théâtre des contraintes formelles. Il définit ainsi une sorte de tragédie domestique, le drame bourgeois, qui engendre au XIXe siècle le mélodrame. L’actrice Mademoiselle Clairon partage les mêmes idées et propose un jeu dramatique qui s’éloigne de la déclamation pour se rapprocher du naturel. Dans les mêmes soucis de vérité, les costumes doivent correspondre à l’époque historique évoquée et à la condition sociale du personnage. Denis Diderot et Mademoiselle Clairon posent ainsi les bases de la mise en scène et de la dramaturgie moderne.

Les grands dramaturges français du XVIIIe siècle sont Marivaux ("le Jeu de l’amour et du hasard", 1730) et Beaumarchais ("le Mariage de Figaro", écrite en 1778, jouée après maintes censures du roi en 1784). Ils renouvellent chacun à leur façon (badinage et revendication de liberté) le genre de la comédie. Selon Jean-Paul Sartre, le théâtre des Lumières « remplit la fonction de tribune morale ».

Le XVIIIe siècle en Europe
Gotthold Ephraim Lessing, est l’auteur des premiers drames bourgeois allemands. Il formule dans sa "Dramaturgie de Hambourg" (1767-1769) des positions théoriques rejoignant la conception de Diderot (le théâtre doit être plus proche du public et du quotidien) mais qui s’éloignent de l’interprétation française de "la Poétique" d’Aristote. Selon lui, la règle des trois unités importe moins que la "catharsis", mise à l’honneur dans la dramaturgie shakespearienne. En Angleterre, les drames domestiques et sentimentaux sont à l’honneur avec notamment George Lillo (1693-1739) et Richard Steele. En Italie, Carlo Goldoni propose un théâtre nouveau, en réaction au théâtre versifié affecté et à la vulgarité de la commedia dell’arte. Il est aujourd'hui considéré comme le père de la comédie italienne moderne.

Le théâtre de la Révolution
La Révolution française récupère les principes des Lumières mais s'oriente vers un théâtre de classe, foncièrement bourgeois tout en accordant à l’art dramatique une grande liberté d’expression. L’État subventionne largement les productions théâtrales. Les barrières de la censure sautent un temps (elle est toutefois rétablie en 1793). Les genres se multiplient (apparition du mélodrame), les thèmes se politisent et se popularisent. Le goût pour le réalisme, allié au siècle suivant au progrès technique, révolutionne le théâtre et jettent les bases du théâtre tel que nous le connaissons aujourd'hui.


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